Chatam Bay
Ouest
Pour rappel, l’ouragan a frappé les Grenadines avec une rare violence, balayant arbres, toitures, bateaux, et parfois même les villages entiers. À Chatham Bay, déjà réputée pour son atmosphère sauvage, l’ambiance avait cette fois des airs de lendemain de tempête — et pour cause. Si un unique « restaurant » est actuellement en activité suite au passage de Béryl (une structure de fortune faite de bâches tendues entre quelques poteaux résistants), le cœur des lieux battait encore, grâce à la résilience de ses habitants. Le patron avec qui nous avons sympathisé autour d’un rhum, nous a raconté une anecdote aussi touchante qu’inattendue : les tortues de terre, autrefois nombreuses dans la baie, ont été décimées par l’ouragan. Envolées… Alors, quand ils trouvent des bébés tortues, ils les récupèrent et les gardent chez eux, le temps qu’elles grossissent un peu, deviennent plus robustes, et puissent être relâchées avec une meilleure chance de survie.
Mais qu’importe le décor, dans nos assiettes, c’était l’extase : des lambis (ou french conchs) cuisinés comme jamais, fondants, parfumés, relevés juste ce qu’il faut. Et sans vouloir vexer nos amis martiniquais, il faut bien avouer qu’ils sont nettement mieux préparés par ici ! La plage, elle, était bordée d’une forêt hachée menu par la tempête, un spectacle un peu désolant mais étrangement poétique, avec ses troncs nus dressés comme les fantômes d’un passé verdoyant.
Joie supplémentaire : nous avons retrouvé Ariane, Alex et Sarah, que nous n’avions pas revus depuis les Canaries. Lucien a littéralement explosé de bonheur en retrouvant sa « petite sœur d’adoption » préférée, et il ne les a plus quittés d’une palme.
Comme souvent dans les Grenadines, les pêcheurs sont venus à nous, directement en annexe, nous proposer le fruit de leur pêche du matin. Nous avons sauté sur un thon bien frais, pendant que nos amis optaient pour des poissons écureuils, tout aussi savoureux.
Enfin, côté exploration marine, le site est plutôt bien réputé pour le snorkelling. Si les fonds sableux semblaient un peu désertiques au premier regard (à l’exception de quelques raies tapies dans le sable), il suffisait de s’approcher des rochers pour découvrir un festival de vie aquatique. Et jusqu’à moins d’un mètre de profondeur, quasi sur la plage, chaque petit recoin rocheux était littéralement pris d’assaut par des poissons colorés, rayés, tachetés, à nageoires virevoltantes, comme un aquarium vivant et sans vitre. Une belle surprise, et un nouveau coup de cœur pour les masques et tubas de l’équipage.
Clifton Bay
Est
Clifton, c’est un peu le cœur battant de l’île d’Union – ou plutôt, son cœur en convalescence. Petite ville habituellement animée, elle nous a cette fois accueillis dans un décor post-apocalyptique version tropicale. Ici, l’ouragan Beryl a laissé une empreinte particulièrement visible : des toitures envolées, des façades éventrées, des pans entiers de rues recouverts de bâches colorées.
Partout, on retrouvait des traces des débris, et au milieu de tout ça, une énergie de ruche en pleine reconstruction, redonnant à Clifton un air de chantier à ciel ouvert. Pas vraiment le charme d’antan, mais une forme de beauté dans la résilience, et dans les sourires toujours présents des habitants, prompts à discuter malgré les gravats.
Et bien sûr… Happy Island
Est – sur la barrière de corail
Amarrés à la bouée dans les eaux turquoises, au mouillage, nous étions idéalement placés entre Clifton et le mythique Happy Island. Une île minuscule, littéralement construite sur un monticule de coquilles de lambis, et transformée en bar flottant. Un petit bijou posé sur la barrière de corail, avec ses transats bringuebalants, son rhum généreux, et cette sensation d’être seuls au monde quand le soleil se couche et que la lumière rosée se reflète sur les eaux turquoise.
Happy Island est vite devenu notre QG, notre refuge du soir, où l’on allait siroter un dernier punch, pieds dans le sable et tête dans les étoiles, en se disant qu’on aurait bien prolongé l’escale de quelques jours encore…