Navire PYTHEAS - Transatlantique 2024 - départ du Port de carnon (34)

Saint-Barthelemy

avril 2025

Ah, Saint-Barth. L’île aux eaux turquoise, aux plages de carte postale, et aux prix qui te font sérieusement envisager la reconversion en trader. Pour ma part, avec Shirine, on a trouvé ça plutôt magique : enfin un peu de ville et de lèche-vitrines après une session d ‘iles désertes ! Selim, lui, beaucoup moins : “C’est l’endroit où même les Américains les plus riches découvrent les joies de la pauvreté”, qu’il disait en reposant une bouteille d’eau minérale à 5 euros le litre. Car oui, 30 euros le pack d’eau de 6L, c’est une expérience… Et si vous pensez qu’au moins le mouillage est gratuit, que nenni ! Même jeter l’ancre dans un coin de baie roulante se paie ici au prix fort. Saint-Barth, ou comment se faire taxer pour dormir dans ton propre bateau.

On aurait bien aimé compenser ça par un petit pèlerinage sur la tombe de Johnny Hallyday, ne serait-ce que pour satisfaire les innombrables messages reçus de fans restés à quai : “Faites une photo de la tombe de Johnny !”… Eh bien, désolés, on n’a pas eu le temps. Shirine avait un avion à prendre à Saint-Martin fin de mois et on est donc resté côte ouest.

Gustavia

Première escale : Gustavia. On mouille à Shell Beach terrassés en pleine nuit et on part à terre le lendemain matin. Cette plage porte merveilleusement bien son nom : ici, pas de sable doux sous les orteils, mais une moquette de coquillages concassés qui fait office de pédicure sauvage.
On a jeté un œil rêveur à la carte du resto de plage : 280 euros le burger… Finalement, la petite boulangerie du coin a sauvé notre déjeuner, et nos finances.

Côté ville, Gustavia est un vrai bonbon visuel : maisons colorées, boîtes aux lettres trop mignonnes, ruelles propres comme un hôpital suisse. Une jolie carte postale très soignée… jusqu’aux boutiques Parce qu’ici, les vitrines ne rigolent pas : Rolex, Cartier, Hermès, bref, tout ce que ton banquier adore détester. On s’est contentés de coller notre nez à la vitre et d’apprécier les scénographies.

Heureusement, on a trouvé un pub sympa et animé, avec des plats abordables et une ambiance beaucoup plus décontractée que les restos chics de la marina, tous quasi vides (sans doute parce qu’un plat y coûte le prix d’un scooter). On a même fini la soirée dans le plus vieux pub de l’île, le mythique Le Select, connu pour avoir inspiré le « Cheeseburger in Paradise » de Jimmy Buffett.

C’est aussi à Gustavia que Lucien a réalisé sa deuxième plongée avec Shirine. Merci Shirine (et Samir) pour le joli cadeau ! Et là, chapeau bas ! Il a tellement impressionné le président du club par son aisance sous l’eau et son endurance qu’on aurait pu croire qu’il plongeait depuis sa naissance. Et il servait d’exemple au moniteur épuisait par une touriste un peu trop effrayée par sa première plongée. « I can’t breathe, I can’t breathe… » criait-elle. Et lui exaspéré : « Yes you can. Look at the kid ! » Si seulement les brevets ne débutaient pas à 10 ans, on l’aurait inscrit l’an prochain…
Lucien et Shirine, à l’aise comme deux poissons dans l’eau ont donc vu des carangues à plume adultes (que Lucien a pris pour des thons), des langoustes énormes, et toute une ménagerie aquatique dans la réserve marine protégée depuis plus de 30 ans. Une belle fierté pour lui (et pour nous).

Anse Colombier

Ensuite, direction Anse Colombier, l’un des seuls mouillages gratuits de l’île (alléluia !). On en a profité pour une balade sur les hauteurs à la recherche des fameuses tortues de terre à pois rouges (nom scientifique à vérifier, mais disons que ça sonne bien).
On était tout excités en croisant la première, jusqu’à ce qu’un bataillon entier de tortues déboule vers nous avec le calme inquiétant d’un film de zombies au ralenti. Clairement, elles ont pris l’habitude d’être nourries par les touristes… Et elles ont bien intégré le concept du room service.

Le soir, on a été invités à l’apéro sur le catamaran Mérité, rencontré au mouillage. Super moment, d’autant plus que leurs enfants, Thibault et Baptiste, du même âge que les nôtres, ont tout de suite accroché avec les garçons. Rien de tel qu’un mouillage et deux paires d’enfants pour lier des amitiés express.

Ile fourchue

Dernière escale à l’îlet Fourchue, réputé pour son côté extrêmement sauvage. Côté terre, l’île a des airs de décor post-apocalyptique façon western spaghetti, avec son herbe grillée et ses cactus étrangement dressés, raides comme la justice et fièrement campés sur leurs bases de pics. Certains spécimens semblaient même en pleine crise d’affirmation virile. Un peu comme si la nature elle-même avait voulu rappeler qu’ici, même la flore n’avait pas froid aux… épines. Dans le ciel quelques pailles-en-queue nous survolaient régulièrement en poussant des cris assez étranges.
Les fonds marins, eux, sont riches, poissonneux, et… un peu stressants. Avec Shirine, aussi craintive que moi, on est quand même allés plonger sachant que potentiellement on peut tomber sur des requins, certes majoritairement gentils, mais dans le doute, on ne préfère pas se retrouver nez à nez avec une gueule ouverte de 2m de long. Finalement, pas de requins, mais une petite tortue sous le bateau, suivie d’un beau spécimen de barracuda bien dodu, qui a décidé de venir tourner autour de nous toutes dents dehors. Petit curieux… Shirine a mis les gaz direction le bateau. Et moi ? J’ai nagé vite, mais dignement (je crois) en essayant désespérément de conserver les enfants près de moi, et proches de Selim. Une belle fin d’escale, entre frissons marins et décors d’un autre monde.