Minorque
Menorca - août / septembre 2024
Notre première escale fut la belle île de Minorque, après une traversée… comment dire… épuisante et secouée. Disons que le temps de s’amariner, Lucien et moi avons sérieusement envisagé de devenir des créatures marines tant on était au bout de notre vie. Il faut dire que l’été 2023, nous avions fait la même traversée mais avec un temps bien plus clément, des dauphins « volants » sous l’étrave à l’arrivée… soit dans des conditions autrement plus paradisiaques. Du coup, Minorque, nous connaissions déjà un peu l’île. Mais une chose m’était restée en travers : je n’avais pas pu visiter Mahón, la capitale, que j’avais à peine aperçue le temps d’un rapide ravitaillement. Cette fois, j’étais bien décidée à prendre ma revanche, et… spoiler alert : coup de cœur ! Mahón mérite vraiment le détour, que ce soit pour son ambiance chaleureuse ou son patrimoine historique fascinant.
Les Calas : merveilles de Minorque
Commençons la visite par les incontournables… les calas de Minorque… Un véritable trésor naturel, avec leurs paysages variés et une eau cristalline qui frôle la perfection. Cette transparence magique, on la doit aux posidonies, des herbes marines bienveillantes qui filtrent l’eau avec une efficacité redoutable. Mais attention, jeter l’ancre sur ces joyaux marins est formellement interdit ! Gare aux gardes-côtes qui viendront vite vous demander gentiment (ou pas) de dégager. Heureusement, les fonds sont si limpides que repérer les zones de sable est un jeu d’enfant, même à dix mètres de profondeur. Pratique aussi pour retrouver les objets que les enfants (ou les parents, ne jugeons pas) laissent tomber à l’eau. Oups… plus qu’à plonger !
Dès notre arrivée, nous avons entamé un tour express des calas en mode marathonien : une nuit, une cala ! Autant dire qu’en quelques jours, nous avions fait le tour de l’île. Cette période a aussi marqué l’arrivée de nos amis, Damien, Virginie, Tony et Lydia. Nous avons alors exploré ensemble ces petites pépites de la Méditerranée. Minorque, avec son côté sauvage, tranche agréablement avec ses grandes sœurs Majorque et Ibiza, malgré toujours quelques hôtels qui défigurent les quelques villes.
Arenal d’en Castell : notre premier refuge
Nord Est
Nous avons débarqué à Minorque de nuit, épuisés par une traversée musclée. Arenal d’en Castel, qu’on connaissait bien, a été notre point d’ancrage stratégique. Cette petite ville agréable et bien protégée nous a offert un répit bien mérité : ravitaillement, laverie, et petits restos de plage pour récupérer. Mais pas le temps de se poser trop longtemps ! Le vent devait tourner, et dès que nous avons été rejoints par nos amis, nous avons rapidement mis les voiles pour l’autre côté de l’île.
Ciutadella : escapade entre filles
Nord Ouest
Quand Virginie et Damien nous ont rejoints, on a pris la direction de Ciutadella. Tandis que les garçons contournaient l’île à la voile, nous avons, entre filles (et enfants), découvert cette ville portuaire à l’architecture médiévale. La place principale, Plaça des Born, nous a charmées avec ses palais et son hôtel de ville au style gothique. Mais, avec la canicule, notre programme s’est vite recentré sur un café glacé (enfin, presque… disons un café avec un glaçon à part !) et des glaces rafraîchissantes, sous l’ombre bienveillante d’un parc à enfants.
Cala Blanca : quand la houle fait des siennes
Nord Ouest
Nous avons rejoint les garçons à Cala Blanca en soirée, mais la houle était tellement présente que Virginie et Tony ont préféré s’échapper pour passer la nuit à l’hôtel. Pas un mauvais choix, vu que la houle n’avait toujours pas disparu le lendemain matin. Direction une cala plus abritée pour des nuits plus tranquilles !
Cala Galdana : grande ville, grande aventure
Ouest
Cala Galdana, une des villes principales de l’île, est un vrai petit centre de vie avec ses restaurants, supermarchés, et commodités. Le rocher qui trône en plein milieu de la cala est un terrain de jeu parfait pour les locaux qui y pratiquent leurs plongeons. C’est ici que nous avons découvert le « tiradito aux fruits de la passion », un sashimi de poisson délicieusement acidulé au « Bonavida », un restaurant niché dans une ruelle piétonne adorable. Et c’est également là que l’épisode « Mais il est où le bateau ? » a eu lieu, que vous retrouverez dans l’onglet des anecdotes.
Cala Macarella et Macarelleta : les stars de Minorque
Ouest
Ces calas sont parmi les plus connues et pour cause : des eaux turquoise à couper le souffle et un accès limité (par bus ou bateau), elles ont tout pour plaire. L’an dernier, elles nous avaient laissé un souvenir inoubliable. Mais cette fois, la nature a repris ses droits : la mer, après des intempéries, avait déposé des algues arrachées, rendant l’eau un peu trouble près de la plage. Ça n’a pas empêché quelques chèvres curieuses de venir nous saluer. Mention spéciale à celle qui a frôlé Virginie… un peu trop près à son goût !
Edit : Macarella le retour
Impossible de quitter Minorque sans un dernier au revoir à Macarella, notre cala coup de cœur ! Alors, on y est retourné une dernière fois, avant la traversée, histoire de faire nos adieux en bonne et due forme. Et quelle chance ! La plage était quasiment déserte, un luxe. Comme si cela ne suffisait pas, un adorable duo de chèvres est venu nous saluer, sans doute pour nous rappeler que même elles savent apprécier le calme de l’endroit. Un vrai petit moment de grâce avant la grande traversée !
Platja de Banyuls : le grand espace
Nord Ouest
Enfin, un mouillage où l’on peut respirer ! Cette plage immense, avec ses eaux turquoise à perte de vue, nous a permis de mouiller sans être collés à nos voisins de bateau. Un luxe rare ! Les garçons, eux, ont fait la connaissance d’un petit Gabriel, autre vacancier sur l’île, et ont bien profité de cet espace de jeu inépuisable.
Cala de Trebalúger : le paradis des petits explorateurs
Ouest
Un coup de cœur pour les enfants ! Cette cala leur a offert un véritable terrain d’aventure : un banc de sable pour jouer aux Robinson Crusoé, un « barranc » (un canal) à remonter en paddle avec des gros poissons sous leurs pieds, et des grottes mystérieuses à explorer. Si on les avait laissés faire, Tony et Lucien y seraient encore, à faire du paddle.
Cala’n Porter et Cales Coves : entre histoire et nature grandiose
Sud Ouest
Perchée sur une falaise impressionnante, Cala’n Porter offre un décor spectaculaire. Tout en haut, un restaurant et une discothèque dans une grotte à 30 mètres de hauteur, avec une vue à couper le souffle sur la mer. Mais bon, avec des enfants dans les pattes, on s’est contenté d’un verre en terrasse.
Non loin de là, se trouve un véritable joyau historique, accessible en annexe. En avalant quelques vagues au passage. Cales Coves, la crique des grottes en catalan.. Cette magnifique crique, entourée de hautes falaises, est bien plus qu’un simple coin de paradis pour les amateurs de baignade et de mouillage. En levant la tête, on découvre une scène intrigante : des dizaines de grottes artificielles incrustées dans les falaises. Ce ne sont pas de simples cavités, mais les vestiges de nécropoles datant de l’âge de fer, entre le 6e et le 9e siècle avant J.-C. Il y en a près de 100 ! Ce site, le plus grand complexe de nécropoles de Minorque, a été utilisé par les peuples préhistoriques minorquins jusqu’à l’arrivée des Romains en -123 avant J.-C. Reconnu comme monument historique national depuis 1931, Cales Coves impressionne autant par son histoire que par sa beauté naturelle.
Mahón, la capitale : entre vie animée et Histoire
Sud Est
Notre dernière escale à Minorque fut enfin Mahón, la capitale que j’ai finalement pu visiter après l’avoir boudée (malgré moi) l’an dernier. Et quelle arrivée ! Nous sommes tombés pile un jour de régate de vieux voiliers, un spectacle pour les yeux qui ajoutait une belle touche festive à l’atmosphère déjà charmante de la ville.
Mahón s’étend tout autour d’une immense crique, ponctuée de petites îles au milieu, ce qui rend l’approche en bateau tout simplement magique. L’île du Roi trône fièrement au centre, entourée de magnifiques maisons qui semblent flotter au bord de l’eau, certaines avec leurs propres pontons privatifs. En remontant la crique, on est frappé par la verdure qui domine, donnant à la ville une impression de calme et d’espace. Pas de tours étouffantes ici, mais plutôt de belles demeures qui respirent. Bon, soyons honnêtes, quelques immeubles se faufilent tout de même au cœur du centre-ville, et l’impression ne doit pas être la même en voiture, mais vue de la mer, l’ensemble reste étonnamment aéré et agréable, loin des clichés urbains trop denses. Personnellement, j’ai été tentée de consulter le prix des maisons, juste au cas où une villa ponton se libérait…
La Marina et le centre-ville : des soirées animées et quelques gouttes d’aventure
Depuis notre petit mouillage à Cala Teulera, il nous fallait environ 20 minutes pour rejoindre la marina en annexe. Alors, imaginez-nous, tous les soirs, à bord de notre fière embarcation, un moteur ronronnant bruyamment comme une vieille mobylette, slalomant entre yachts étincelants et bateaux traditionnels menorquins. De quoi s’offrir une balade digne d’un défilé nautique avant d’atteindre le parking des annexes.
Une fois à quai, nous avons bien profité de la marina : petits restaurants sympathiques, bars à tapas, marchands de glace (oui, plusieurs passages obligés), et bien sûr, les magnifiques voiliers participants à la régate, fiers comme des paons marins. Entre deux dégustations et une crème glacée, nos yeux n’ont cessé de vagabonder entre les mâts et les bateaux d’exception.
Le hic ? En route pour le Decathlon, Selim s’est transformé en capitaine « sauveur du bateau » pendant qu’un orage aussi soudain que violent s’abattait sur nous. Moi, trempée jusqu’à l’os, le vent dans les yeux, avec les garçons hurlants de terreur, j’ai fini par trouver refuge chez une famille en vacances dans leur summer house, un joli triplex avec vue sur la marina (on ne remerciera jamais assez pour leur hospitalité surprise ! Cf l’anecdote « Hospitalité égyptienne inattendue »). Conclusion ? Pas d’achats, à cause de l’orage et aussi de l’ATM en panne, mais une belle découverte du centre historique de Mahón, ses ruelles animées et ses bâtiments pleins de charme. Une sortie qui n’était pas prévue… mais qu’on a su apprécier !
Le Château de La Mola : quand la culture s’invite (et résiste à la chaleur)
Après une semaine à écumer les calas et les plages, il était temps de réveiller nos neurones engourdis et de s’offrir une dose de culture. Direction le château de La Mola ! Sur le quai de la billetterie, la vendeuse, un brin dubitative face aux petites jambes de Célian, nous a recommandé quelques points clés avec une sortie de secours à mi-parcours. Mais, en quête de savoirs et de mystères (ou par pure obstination), nous avons fait fi de ces conseils pour explorer tout le château, recoins sombres inclus.
Chaque galerie souterraine, chaque salle dissimulée nous appelait. « Il faut tout voir, tout découvrir ! » Même si, à un moment donné, devant une peinture représentant « Le prêtre Martín Merino y Gómez tentant d’assassiner la reine Isabelle II », Célian s’est exclamé avec assurance : « Maman, c’est Napoléon qui a tué la reine d’Espagne ! » Petit cours d’histoire rapide : non, pas Napoléon, et non, pas vraiment une réussite cette tentative d’assassinat…
Entre deux rencontres macabres (paix à l’âme du serpent et du pigeon trouvés), nous avons exploré l’ancienne prison militaire, admiré la poudrerie (avec son plancher d’origine restauré, tout de même), et achevé notre épopée devant le gigantesque canon Vickers, qui heureusement n’a jamais été utilisé. Trois heures plus tard, légèrement ramollis par la chaleur accablante, le verdict tombe. « Alors Lucien, qu’est-ce que tu as préféré ? » — « Les galeries, parce qu’il faisait plus frais ! »
Isla del Rey et l’ancien hôpital
Un soir, peu motivés à remonter vers le centre-ville, nous avons décidé de faire une halte à l’Isla del Rey. Une petite escapade improvisée qui, finalement, a révélé tout son charme. En plein cœur de cette île, trône un vieil hôpital britannique, fièrement debout malgré ses trois siècles d’existence. Il a fonctionné jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et, trônant au centre de la crique et éclairé la nuit, donne tout son charme à la crique. Les Anglais l’appellent d’ailleurs « Bloody Island », un surnom assez évocateur, vous l’aurez compris.
L’île n’est pas bien grande, on en fait le tour en un rien de temps, mais elle vaut vraiment le détour. Et pour les plus fatigués ou assoiffés (suivez mon regard), il y a La Cantina, une petite terrasse parfaite pour se poser, boire un verre ou grignoter quelque chose, tout en admirant l’hôpital historique et en profitant du calme ambiant. Un petit coin paisible, loin du tumulte de Mahón, idéal pour une pause bien méritée.