Navire PYTHEAS - Transatlantique 2024 - départ du Port de carnon (34)

Les traversées

Tanger (Maroc)
> Agadir (Maroc)

10 Novembre au 13 Novembre _ durée : 3 jours

Ah, l’Atlantique… On nous l’avait décrit comme une promenade de santé après la Méditerranée : « Vous verrez, un vrai tapis roulant tout doux ! » Eh bien, laissez-nous vous dire qu’on a eu droit à un tapis roulant version montagne russe. Trois jours en mer, sans escale, avec une houle de travers qui a mis nos estomacs à rude épreuve. Même Célian, pourtant champion toutes catégories de la navigation, a fini par nous offrir une fresque abstraite sur les banquettes fraîchement lavées. Pourquoi, mais pourquoiiiii ? Seul Selim, stoïque, est resté imperturbable du début à la fin. Quel est son secret ? Si vous le trouvez, on est preneurs.

Heureusement, le troisième jour a relevé le niveau. Une mer enfin paisible, un équipage enfin en forme et pour couronner le tout, les dauphins ont fait leur grand show. Ils se sont fait désirer, mais l’attente en valait la peine : des petits, des grands, des centaines qui semblaient littéralement faire la fête autour du bateau. Une véritable rave party marine ! Pour conclure ce périple en beauté, notre ligne de pêche a fait des miracles : un maquereau dodu, parfait pour régaler l’équipage au complet. Verdict ? Délicieux, mais on garde quand même une petite rancune pour la houle du début.

Ceuta (Enclave Espagnole au Maroc)
> Tanger (Maroc)

5 Novembre _ durée : 5 heures

Enfin, le tant attendu passage de Gibraltar, et avec lui notre premier véritable contact avec l’Atlantique ! Un cap symbolique et un rien intimidant, puisque désormais, nous laissons la Méditerranée derrière nous. Mais avant de savourer ce grand saut, il a fallu gérer l’étape la plus technique : le réveil. Objectif départ à 8h ? Réveil à 7h… raté, levé à 7h30. On s’y prend à l’espagnole, doucement ! Cette fois, pas question d’y aller à l’aveuglette, car la traversée exigeait d’être minutieusement calée sur les marées pour prendre les meilleurs courants au passage de Gibraltar.

Malgré les prévisions de quelques jolis courants contraires, nous avons longé au plus près la splendide côte marocaine. Si proches, d’ailleurs, qu’à un moment, une fragrance florale, probablement du mimosa, s’est invitée jusqu’au pont : senteur douce et parfumée, rappelant à quel point nous touchions déjà le Maroc.

Une fois dans le détroit, les courants se sont vite imposés, avec deux bons nœuds de courant en pleine face pendant une bonne heure. Et niveau sécurité, il n’y avait pas de demi-mesure : avec les orques locales sur le CV du détroit, nous avions notre kit de fumées de détresse à portée de main. La dernière attaque remontait à mi-septembre, alors vigilance absolue.

Et ce passage ne nous a pas laissés de tout repos : entre les tourbillons qui secouaient le bateau, le risque de s’éloigner un peu trop des côtes (et donc d’empiéter sur le terrain des orques), et les casiers et filets de pêche placés çà et là, c’était un véritable ballet de précautions. Mais enfin, après des heures d’attention et un soupçon de chance, nous avons effectué nos premiers pas en Atlantique, sans encombre. Un passage mythique, qui nous fait désormais voguer vers des horizons nouveaux et salés, avec l’envie d’explorer ce nouveau terrain de jeu immense.

Melilla (Enclave Espagnole au Maroc)
> Ceuta (Enclave Espagnole au Maroc)

1er Novembre / 2 Novembre 2024 _ durée : 28 heures

Après quelques jours à Melilla, l’ambiance nous semblait un peu trop sage, presque “trop bien rangée” pour nous. Alors, après une Halloween marquée par une soirée festive au bar du port et une tournée “truco o trato” pour récolter des bonbons dans les boutiques du centre-ville, nous avons pris le large, cap sur Ceuta, la seconde enclave espagnole.

Cette traversée-là restera gravée dans nos mémoires : les dauphins nous ont offert un spectacle nocturne à couper le souffle, virevoltant sous le bateau, illuminés par le plancton bioluminescent. La mer semblait parsemée de comètes bleutées et dorées ! Selim, l’âme rêveuse, y a vu des sirènes, tandis que Lucien, moins poète, les a comparé à des torpilles.

Le calme de la mer nous a permis d’emmener les enfants sur le pont de nuit, une exception que nous ne faisons jamais en navigation. À tour de rôle, ils ont observé les dauphins danser sous l’étrave, fascinés par cette lueur surnaturelle. Une vraie leçon de féerie maritime.

L’arrivée à Ceuta a été un peu plus sportive. Un orage assourdissant menaçait à l’horizon et, quand les premières gouttes ont commencé à nous rattraper, nous avons légèrement accéléré. Heureusement, il s’est rapidement détourné vers le nord. Entre-temps, les côtes étaient déjà visibles, et nous étions occupés à zigzaguer entre les bateaux de pêcheurs amateurs, avec des oiseaux plongeant de partout – de quoi regretter de ne pas avoir sorti notre propre ligne ! Après ces derniers slaloms, nous voilà enfin entrés dans Ceuta, bien décidés à découvrir ce nouvel avant-poste espagnol.

Port d'Oran (Algérie)
> Melilla (Enclave Espagnole au Maroc)

24 octobre / 25 octobre 2024 _ durée : 20 heures

Quitter Oran ne s’est pas fait sans une petite pointe de chagrin. Célian, notre grand sensible, avait le cœur gros en quittant ses nouveaux copains, et c’est Lucien qui, dans un élan de sagesse fraternelle, l’a réconforté avec des mots doux… Finalement, le vent a eu pitié de nos émotions : la mer a décidé d’être particulièrement calme, une traversée douce et sans mal de mer pour couronner notre séjour oranais.

Et comme si la mer voulait vraiment nous remonter le moral, les dauphins se sont invités pour un spectacle privé ! Ils sont restés à danser autour de notre étrave pendant une bonne partie de l’après-midi, plongeant et sautant autour de nous comme pour nous souhaiter bonne chance jusqu’au coucher du soleil. Selim nous a même raconté que c’est un signe de bon augure en mer – alors qui sait, peut-être que la chance a trouvé son chemin jusqu’à nous dans leurs éclaboussures ?

L’arrivée à Melilla s’est déroulée sans accroc, mais ce qui nous a vraiment surpris, c’est la taille impressionnante des ferrys qui entraient et sortaient du port comme une procession sans fin. Pour une enclave si petite, ce va-et-vient constant de mastodontes venus des Baléares semblait presque surréaliste. Heureusement, le hasard nous a placés à côté d’un compatriote installé à Melilla depuis six mois, qui, dans son rôle de “guide improvisé,” nous a donné un aperçu des bons coins de la ville.

Cala Saona / Punta Rasa (Formentera, Baléares, Espagne)
> Port d'Oran (Algérie)

12 octobre / 13 octobre 2024 _ durée : 36 heures (+ 3 heures de formalités à l'arrivée)

Ah, cette traversée Formentera-Oran, elle a bien mérité son surnom de « douche écossaise » ! Tout avait pourtant si bien commencé : un lever de soleil magnifique, une mer d’huile, sans la moindre houle, sans le moindre « vomito » à l’horizon – un luxe rare pour les marins que nous sommes.

Mais, première douche écossaise : alors qu’on était tout joyeux, canne à pêche en main, un énorme poisson casse la ligne ! Lucien, désespéré, se lamente sur son leurre perdu, comme si c’était un trésor national. Après d’intenses négociations (croyez-moi, il aurait pu être ambassadeur), nous obtenons finalement l’autorisation d’utiliser un autre leurre de sa « boîte d’anniversaure ». Et là, jackpot ! Une magnifique dorade coryphène avec ses reflets verts émeraude mord à l’hameçon. Dans nos têtes, nous étions déjà en train de la déguster, après une lutte acharnée… Mais, à un mètre du bord, elle s’est sauvée, la petite maligne ! Bon, au moins, on a récupéré le leurre, ce qui a évité à Lucien de passer en mode « grincheux professionnel. »

Mais c’est vers 21h que l’adrénaline a vraiment fait son entrée. La nuit était tombée, et là, une lumière étrange apparaît au loin, accompagnée d’un bateau sans AIS, faisant route en sens inverse. Soudain, deux zodiacs nous foncent dessus en sifflant comme des dératés. C’est suspect… trop suspect. D’autant plus qu’une vendeuse d’un ship nous racontait la veille l’histoire d’un client racketé en mer… Pas de temps à perdre, il faut fuir. Nous entrons en mode « invisible » : tout éteint, voile rentrée, moteurs à fond, et coupure totale des appareils électroniques. Selim, en mode espion avec ses jumelles infra-rouges, détecte que nous sommes bel et bien poursuivis. Les enfants, eux, s’endorment planqués dans une petite cachette, tandis que Selim et Jean-Luc prennent en charge la fuite. Autant dire qu’avec une pleine lune et un moteur de voilier un peu modeste, devenir invisible était plus compliqué que prévu.

Contactés en urgence, Stéphanie et Nuno (notre maître des langues) ont rameuté les autorités espagnoles et françaises. Pendant ce temps, les zodiacs nous rattrapent. Frayeur maximale : l’un d’eux, tout lumière éteinte, se retrouve à portée de main. Après quelques échanges verbaux musclés, on leur fait comprendre qu’on ne s’arrêtera pas. De toute façon, avec notre moteur sur le point de fondre et la mer qui commençait à se lever, ils ont fini par abandonner la chasse.

Une fois rassurés par le Cross Gris-Nez, nous avons repris notre souffle… mais pas pour longtemps, car le coup de vent annoncé pour la nuit nous est finalement tombé dessus. Selim et Jean-Luc, heureusement, avaient tout bien préparé. Bon, cela n’a pas empêché les « vomitos » de refaire leur apparition dès le réveil chez les deux estomacs les plus fragiles (Lucien et moi toujours), mais comparé à l’épisode précédent, c’était presque un détail.

Enfin, après une nuit agitée, nous approchons des côtes algériennes. La terre était à peine visible sous un nuage de sable du Sahara, donnant une ambiance orangée et étrange à l’horizon. Nous avons hissé le drapeau de courtoisie, et hop, voilà les garde-côtes algériens qui arrivent, inquiets de ne pas nous voir à l’AIS (promis, pourtant, il était bien branché… si, si).

Escortés jusqu’au port, nous avons eu droit à l’accueil traditionnel : trois bonnes heures de paperasse ! Et cela, même avec un piston ! Ahhh, l’Algérie et ses formalités… un charme à part, qui conclut cette traversée haute en émotions.

Port de Santa Eulària des Riu (Ibiza, Baléares, Espagne)
> Cala Saona / Punta Rasa (Formentera, Baléares, Espagne)

12 octobre 2024 _ durée : 4 heures

Une magnifique traversée, presque insolite pour nous, car, fait rare, la destination était déjà à portée de vue dès le départ. Imaginez un peu : pas besoin de cartes maritimes compliquées, ni de boussoles mystérieuses. Juste l’horizon, clair comme de l’eau de roche, avec Formentera en toile de fond, prête à nous accueillir les bras grands ouverts.

Le temps, mes amis, était parfait. Un ciel sans nuages, une mer d’un calme olympien. À tel point qu’on s’est dit : « Chic, c’est l’occasion rêvée pour une petite session de pêche ! » Lucien, fier comme un marin chevronné, nous a proposé de tester sa fameuse boîte à leurres, pleine de promesses. Et hop, à peine 30 minutes plus tard, voilà qu’un superbe maquereau mord à l’hameçon, tout pimpant et frétillant. Même les poissons semblaient de bonne humeur ce jour-là !

En approchant des mouillages de Formentera, nous avons retrouvé nos eaux turquoises, si caractéristiques, éclatant sous le soleil comme une invitation à plonger sans réfléchir. L’éclat de ces eaux nous donnait presque l’impression d’être déjà arrivés au paradis – ou tout du moins, à une version très estivale du bonheur marin.

Une fois à bon port, notre maquereau fraîchement pêché est passé de la mer à la poêle. Et laissez-moi vous dire que, déguster ce fruit de nos efforts après une traversée aussi douce, c’était la cerise sur le gâteau – ou plutôt, l’oignon sur le poisson !

Port de Cabrera (Cabrera, Baléares, Espagne)
> Port de Santa Eulària des Riu (Ibiza, Baléares, Espagne)

2 octobre 2024 _ durée : 12 heures

Ohhh, la traversée tape-cul, c’était le festival des secousses ! Réveillée à 7h du matin pour affronter les 12 heures de navigation, j’ai tenté de faire la maligne en restant bien au chaud dans mon lit pendant que les hommes s’activaient sur le pont. Mais les premières vagues se sont vite chargées de me rappeler à la réalité en faisant claquer la cabine avant et en me secouant comme un prunier. Adieu, grasse matinée… 

Lucien, en bon petit marin, avait aussi tenté de dormir plus longtemps que nous, mais à peine sorti de sa couchette, il était malade comme un chien, la tête dans le seau. Je le comprends tellement, moi aussi, j’aurais bien voulu rester dans mon cocon ! Et puis il y a Célian, lui, le petit glouton, qui a mangé du départ à l’arrivée, comme s’il avait un mal de mer à l’envers. On aurait pu l’appeler le poisson gourmand.

Cette fois, les gamins n’ont pas retourné le bateau, Lucien étant trop occupé à dormir pour soulager son mal de mer. Du coup, Célian a décidé de nous faire le plaisir de squatter notre dos toute la journée. Je ne sais pas ce qui était le pire, au final : un gamin malade ou un gamin accroché à moi comme une moule sur un rocher ? 

Côté navigation, vent de face, bien sûr, jusqu’à 25 nœuds, mais cela n’a pas empêché les vagues de faire claquer l’avant du bateau et d’arroser le pont. Impossible de s’asseoir tranquillement et de profiter du paysage, tellement il était tape-cul.

L’arrivée au port a été salvatrice : un ponton, un restaurant de plage, et la journée fatiguante s’est achevée sur une note plus douce. Le port me donnait un petit air de Cap d’Agde, ambiance vacances, mais avec un léger goût de regret pour toutes ces heures de navigation qui ressemblaient plus à un rodéo aquatique qu’à une croisière tranquille.

Port de Pollença (Mellorca, Baléares, Espagne)
> Port de Cabrera (Cabrera, Baléares, Espagne)

29 septembre 2024 _ durée : 11 heures

Première traversée sans vomitos ni mal de mer ! Youhou, c’est un exploit digne d’une médaille ! Pendant que les enfants transformaient le bateau en parc d’attractions flottant, j’ai enfin pu plonger dans un bon bouquin sans avoir le tournis. Selim, lui, était aux anges : il avait enfin un compagnon de navigation digne de ce nom, un vrai fan de barre pour l’accompagner. Du coup, rien à signaler sur cette traversée. Pas ou peu de vent, juste du moteur qui ronronne tout du long à une allure tranquille de 6 nœuds. Bon, à part les côtes mallorquaises qui n’étaient pas franchement dignes d’une carte postale… disons qu’on avait vu des côtes plus jolies du côté de Minorque.

L’arrivée à Cabrera, par contre, c’était une autre histoire : magique ! Des petites îles désertes, des falaises imposantes, et bien sûr, le château qui nous surveillait avec toute sa majesté. Mais avant de nous sentir trop zen, les militaires débarquent pour vérifier qu’on avait bien notre réservation. Petit moment de stress : face au vent, fonçant gentiment vers les rochers, grande voile prête à être baissée… et eux qui ne retrouvaient pas notre nom. Heureusement, ils nous ont laissé finir la manœuvre avant l’échouage en règle. Problème réglé : on avait mis « Selim » au lieu de « Pytheas » sur le formulaire. Franchement, on n’était pas sorti d’affaire avec ça !

Et devinez qui a sauté direct sur son paddle à peine le bateau amarré ? Petit spoiler : il n’a que 6 ans…

Cala Galdana (Menorca, Baléares, Espagne)
> Port de Pollença (Mellorca, Baléares, Espagne)

12 septembre 2024 _ durée : 7 heures

Nous voilà partis cette fois vers Majorque, mais pas sans un dernier au revoir à Cala Macarella, parce qu’on ne pouvait décemment quitter Minorque sans profiter une dernière fois de cette cala qu’on aime tant (voire edit « Macarella : le retour » dans la section Minorque). Le lendemain, c’était reparti pour une traversée épique depuis Cala Galdana. Oui oui, car la houle nous embêtant, nous avions déjà migré vers Galdana la veille au soir. J’aurais dû me douter de quelque chose après une nuit malgré tout agitée… mais non, nous devions fuir le coup de vent annoncé sur Mahón. (Et notre compagnon de mouillage, resté sur place, nous a d’ailleurs confirmé quelques jours plus tard qu’ils prenaient bien cher).

Nous avons commencé par un premier hissage des voiles, et là, grain surprise. Hop, direction la plage de Son Saura, célèbre pour son côté sauvage, où on s’est réfugiés pendant une bonne vingtaine de minutes, le temps que l’averse passe. L’occasion pour moi d’arborer ma nouvelle veste de quart, offerte par Selim à Mahón. Autant dire que je brillais sous la pluie.

La traversée entre les îles ? Aussi terrible que la première. Lucien et moi, accrochés à notre seau, pendant que Célian, imperturbable, levait les bras comme sur des montagnes russes et réclamait à manger à chaque roulis. Mais, point positif : les dauphins ! Entre deux vomitos, ils sont venus nous distraire, en faisant le show sous l’étrave. Nous nous sommes relayés avec Selim à l’avant pour les admirer avant que l’un d’entre eux nous  offre un joli saut de départ, comme pour nous dire au revoir, avant de disparaître.

Carnon (France)
> Arenal den Castell (Menorca, Baléares, Espagne)

21 août / 23 août 2024 _ durée : 37 heures

Imaginez la scène : tous nos voisins de ponton réunis pour l’événement, la corne de brume qui rugit comme si on partait pour une mission spatiale. Un vrai festival d’émotions. Et là, bam ! Mes nerfs lâchent, et je me transforme au bout de quelques mètres en fontaine à larmes. Mais bon, pas le temps de sombrer dans le mélodrame, il fallait bien manœuvrer ce bateau, parce que, spoiler alert, on n’avait pas encore quitté le port !

La première traversée de cette transatlantique a été, disons-le sans détour, un véritable enfer. Secoués comme des pruniers, épuisés avant même d’avoir vu l’horizon se dégager. Lucien et moi, loin d’être « amarinés », avons passé le trajet à lutter contre le mal de mer, et autant dire que c’était une défaite totale.

On s’était pourtant fait des illusions, bercés par le souvenir enchanteur de l’été 2023, où nous avions fait cette même traversée avec des dauphins bondissant sous l’étrave, un soleil radieux, et une mer aussi calme qu’un lac. On pensait revivre ce rêve… erreur de débutant. Cette fois-ci, nous avons été accueillis par une houle démoniaque et des rafales à 30 nœuds. Une ambiance bien moins idyllique, au point de nous faire attacher comme des sardines à la ligne de vie pour ne pas passer par-dessus bord.

Quant à Lucien et moi, malades comme des chiens, nous n’avons rien avalé pendant 48h. Le pauvre, en plus de tout, a fini par vomir du sang, nous forçant à appeler le CCMM (Centre de Consultation Médicale Maritime). Heureusement, plus efficaces que n’importe quelle urgence, ils ont su nous rassurer en un temps record. Et pendant ce temps, Célian, lui, était frais comme un gardon et réclamait à tout va « un poulet au ketchup ! un poulet au ketchup ! » — histoire de nous achever pour de bon.

Pendant que je somnolais comme un zombie sur le pont, jetant de temps à autre un coup d’œil pour vérifier que Selim n’avait pas été emporté par les flots, ce dernier a dû gérer la traversée et les quarts de nuit en solo. J’étais littéralement HS, incapable de l’aider.

La deuxième journée s’est adoucie, mais Lucien et moi restions KO de la veille. Petite consolation dans cette tempête : nous avons tout de même eu la chance de croiser à trois reprises des bancs de dauphins. Oui, c’est maigre, mais c’est toujours ça de pris dans ce chaos aquatique.