Navire PYTHEAS - Transatlantique 2024 - départ du Port de carnon (34)

Les anecdotes

L’école de la vie

On l’avoue, notre discipline sur les deux heures d’école par jour laisse parfois à désirer. Mais rassurez-vous, l’éducation ne s’arrête jamais à bord ! Les enfants profitent d’un programme très alternatif, mélangeant ingénierie et débrouillardise. Après la grande leçon algérienne intitulée « Comment crocheter une voiture avec un cintre » (merci Nadir, champion du monde des clés oubliées sur le contact et des fenêtres à demi ouvertes), direction le Maroc pour un cours pratique sur « Comment désensabler une voiture ».

Imaginez la scène : un peu de sable, beaucoup de sueur, et voilà nos matelots prêts pour un casting express chez Pékin Express. Moralité ? Avec un peu d’huile de coude et beaucoup d’imagination, on est bien plus avancés que dans n’importe quel manuel scolaire.

Où ? Parc de Souss-Massa, Maroc. Quand ? Novembre 2024

On a goûté la pâte à tartiner Mordjene !

Il y a eu l’affaire de la pâte à tartiner Mordjene, petit bijou du terroir algérien. Pour dire, elle a carrément fait un tel bruit sur les réseaux que la France l’a interdite, soit disant car il n’y a pas d’accord entre la France et l’Algérie sur l’import de produits laitiers (ironie du sort, l’Algérie importe du lait… Français pour fabriquer sa Mordjene !… Nutella aurait-il mal digéré la concurrence ?) ! Le succès est tel que même en Algérie le-dit produit est en pénurie. On craignait d’avoir raté quelque chose d’historique, mais une amie, plus rapide que les contrebandiers, nous a dégotté un pot rescapé. Après dégustation : très bon, presque divin, mais… mon cœur appartient toujours au Nutella !

Où ? Acheté à Oran, dégusté à Melilla. Quand ? Octobre 2024

On dirait des sirènes !

Certains racontent qu’en mer, des créatures magiques se manifestent la nuit… nous n’y croyions pas vraiment. Jusqu’à ce fameux soir de traversée, où des dauphins sont venus jouer sous notre étrave, illuminés par le plancton bioluminescent. Chaque mouvement, chaque plongée créait des traînées lumineuses dignes d’un feu d’artifice sous-marin ! Selim a murmuré, émerveillé : « On dirait des sirènes… » Lucien, plus terre-à-terre, a corrigé : « Moi, je dirais des torpilles ! » Romantique ou pratique, peu importe : le spectacle, lui, était féerique.

Où ? Dans les eaux Algériennes. Quand ? Octobre 2024

Course-poursuite en pleine mer

Une nuit de pleine lune, un bateau sans AIS (ou plutôt un groupe de zodiacs, que nous suivions déjà avec suspicion au radar) nous croise au loin avant de brusquement faire demi-tour pour nous prendre par l’arrière, fonçant droit sur nous de manière suspecte en sifflant frénétiquement dans leurs sifflets de détresse. Migrants, trafiquants ? Nous n’avons pas pris le risque de le savoir. Surtout après l’avertissement la veille d’une vendeuse d’un ship qui nous avez raconté la mésaventure d’un client racketté en mer. Malgré nos lumières éteintes et nos tentatives pour nous cacher, la lune nous rendait bien visibles. En pleine fuite, Selim et Jean-Luc gèrent la navigation tout équipement éteint (histoire de se fondre le plus possible dans la nuit… sans succès), tandis que je contacte Stéphanie et Nuno, restés sur terre (et joignable grâce à internet, merci Starlink !), qui avertissent les autorités espagnoles et françaises, relayant notre position GPS en temps réel. Pendant ce temps-là, les enfants se sont calmement endormis dans une cachette sans chercher à comprendre la situation (heureusement !). Après quelques échanges criés avec les poursuivants et des manœuvres à pleine vitesse, nous parvenons à prendre la fuite, rassurés par le Cross Gris-nez en ligne. Une frayeur maritime que nous n’oublierons pas de sitôt.

Où ? Au large de Carthagène (Espagne). Quand ? Octobre 2024

Le poisson mystère : qui dit mieux ?

Un matin, en allant vérifier l’annexe, voilà qu’on tombe sur une petite créature intrigante : un minuscule poisson juvénile, à peine 2 cm, tout noir avec des pois blancs et bleus. Il se planquait sous l’annexe, et honnêtement, il nageait pas plus vite qu’une tortue asthmatique. On l’a attrapé… avec un simple seau. Facile ! Et là, c’était parti pour la grande devinette : quel est ce mystérieux poisson qui ressemble comme deux gouttes d’eau à une espèce du Pacifique ? Un petit Némo perdu à la recherche de son Padré ? Internet à la rescousse, chacun y allait de son hypothèse. Et finalement, c’est Selim qui l’a emporté avec son pronostic de Baliste Capriscus – une espèce fréquente en Grèce – avant de le relâcher. Qui dit mieux ?

Où ? Port de Pollença (Majorque). Quand ? Septembre 2024

Canadair en ligne de mire : va-t-il nous foncer dessus ?

Nous étions au mouillage dans le port de Pollença, avec vue imprenable sur la base militaire, quand Selim est rentré dans la cabine pour une visio pro. Ses consignes étaient claires : garder les enfants calmes et silencieux, surveiller l’ancre, et surtout, ne pas déclencher l’apocalypse. Facile, non ? Jusqu’au moment où… VROOOOOOOOOOOOOOUM, un Canadair, pile face à nous, décide de chauffer ses moteurs dans un boucan assourdissant. Bon déjà, clairement, ce n’était pas les enfants qui allaient le plus perturber la visio de Selim… Et là, surprise : son nez était pointé directement sur notre bateau ! Lucien, avec son instinct de survie impeccable, me lance : « Maman, on est pile dans sa trajectoire, non ? » Et en effet, autour de nous, tous les autres bateaux semblaient bizarrement bien placés, comme s’ils connaissaient une route invisible, nous laissant seuls face à la bête volante. Un panneau caché ? Une règle qu’on aurait zappée ? Pendant 15 longues minutes, j’ai pesé le pour et le contre : alerter Selim et risquer de ruiner sa visio avec un “Chéri, un avion va nous foncer dessus” ? Ou compter sur un zodiac de l’armée pour nous dire de dégager si besoin ? Heureusement, après ce qui a semblé une éternité  – car oui, apparemment, chauffer un Canadair prend du temps – le Canadair a fini par tourner son museau et s’éloigner pour décoller après la zone de mouillage. Ouf, évité de peu… la gloire de finir en sous-marin !

Où ? Port de Pollença (Majorque). Quand ? Septembre 2024

Hospitalité égyptienne inattendue

Un soir, nous avions pris l’annexe pour un ravitaillement express en ville, à une vingtaine de minutes du mouillage. Tout se déroulait comme prévu jusqu’à ce que le ciel commence à se charger de nuages menaçants. Selim décide de retourner au bateau en solo pour s’assurer que tout est bien sécurisé. Il était à peine parti, nous laissant seuls en ville que l’orage éclate, et quelle tempête ! Des bourrasques si puissantes qu’elles ont envoyé valser les poubelles, et la casquette de Lucien par la même occasion. Une âme charitable, courant sous le déluge, a d’ailleurs réussi à nous la rapporter. Pendant ce temps, Lucien, effrayé par les éclairs, hurlait à pleins poumons. Nous nous sommes donc réfugiés sous un hall d’immeuble, grelottants et trempés. C’est là qu’une charmante famille du Caire, en vacances dans leur « summer house », nous a accueillis avec chaleur, le temps que l’orage passe. (En même temps nous étions littéralement installés sur les marches, dans leur hall d’immeuble…). Quand ils ont découvert que nous naviguions seuls sur notre voilier, sans skipper, les yeux se sont écarquillés de surprise. Eh oui, pas de skipper, juste un mari passionné, prêt à affronter tempêtes et casquettes volantes pour sa famille !

Où ? Mahón (Minorque). Quand ? Septembre 2024

« Mais il est où le bateau ?! »

Un midi, installés tranquillement à un restaurant de plage avec nos amis Damien, Virginie, Lydia et Tony, nous dégustions nos plats avec l’insouciance des vacanciers comblés. Soudain, Selim a brisé la tranquillité ambiante avec une exclamation qui a figé tout le monde : « Mais il est où le bateau ?! » Panique à bord, enfin… à terre. Nos regards scrutent l’horizon et finalement, on le voit, notre cher bateau, avec un autre collé à lui et des inconnus à bord. Ni une ni deux, les hommes se lèvent d’un bond (oubliant tongs et portable au passage), traversent la plage en mode sprint olympique, sautent dans le dinghy et foncent vers notre vaisseau. Tentative de vol ? Ancre décrochée ? Attaque de pirates en plein jour ? Eh bien non, rien de tout cela. Juste une bande de Belges en détresse, ayant perdu leur hélice en mer et gentiment remorqués par une navette touristique, qui les avait, en toute simplicité, accrochés à notre bateau pour éviter qu’ils ne dérivent. Tout est bien qui finit bien, mais on se souviendra longtemps de cette frayeur qui a transformé notre déjeuner en mission d’intervention maritime !

Où ? Cala Galdana (Minorque). Quand ? Août 2024

Ralph Lauren : l’espèce la plus répandue à Minorque

Armés de nos cannes à pêche (certes pas flambant neuves) et de notre optimisme sans faille, nous avons jeté l’ancre dans une cala idyllique de Minorque, bien décidés à ramener un festin de la mer. Après quelques heures et zero touche (les poissons sont visiblement très doués pour nous narguer), nous avons dû accepter la triste réalité : la pêche, ce n’est peut-être pas notre truc. Mais tout n’était pas perdu ! Lors de notre séance de snorkelling, nous avons fait une découverte inattendue et ô combien chic : une paire de lunettes Ralph Lauren en parfait état reposant gracieusement au fond de l’eau. Peu après, un tee-shirt Ralph Lauren, parfaitement assorti, a émergé des profondeurs. Pas un seul poisson, certes, mais une moisson fashion digne d’un défilé. À croire que l’espèce la plus abondante à Minorque, ce n’est pas le mérou, mais bien Ralph Lauren !

Où ? Dans les calas de Minorque. Quand ? Août 2024