Navire PYTHEAS - Transatlantique 2024 - départ du Port de carnon (34)

Anegada

BVI - avril 2025

Après avoir savouré l’ambiance de Virgin Gorda, notre odyssée caribéenne nous mène à Anegada, l’îlot rebelle des BVI. Contrairement à ses sœurs aux reliefs accidentés, Anegada est plate comme une crêpe, posée sur l’eau à peine plus haut qu’un muret de jardin. Mais ne vous y trompez pas : elle compense largement son manque de relief par une personnalité bien trempée.

Dans ce vaste terrain de jeu pour voiliers, les eaux calmes et les mouillages abondent comme les mojitos à l’happy hour. Ici, les charters abondent, alignés comme des sardines bien briefées, avec des parcours aussi rodés qu’un défilé militaire. Mais nous, fidèles à notre style “freestyle contrôlé”, on a préféré… improviser.

Premier mouillage : The Settlement

Arriver à The Settlement, c’est déjà toute une aventure. Presque à marée basse, dans deux mètres de fond avec notre fier tirant d’eau de 1,60 m, autant dire qu’on avançait prudemment. La mer à continuer à descendre… Verdict : 10 centimètres entre la coque et le sable. Même une raie aurait dû rentrer les nageoires pour passer !

Nous accostons en annexe sur un vieux ponton en bois bordé de cages pleines à craquer de langoustes. L’ambiance, entre charters pressés et resorts bien léchés, contraste joliment avec l’arrière-plan : un village coloré et pimpant, manifestement pensé pour les visiteurs curieux – restos, quelques boutiques de souvenirs, et des voitures de location.

Notre routine du soir ? Un apéro sacré au Lobster Trap, devenu notre QG crépusculaire, où les cocktails savent se faire entendre. Pour le dîner, on opte pour un petit boui-boui sans prétention – un spot local fréquenté par la police elle-même et les gens du coin, ce qui en dit long sur la fiabilité gastronomique du lieu. Grillades, bière fraîche, ambiance décontractée : rien à redire.

Dans la journée, nous avons fait une tentative de balade… mais sans voiture, disons que le périmètre d’exploration reste limité. Sauf cette rencontre incongrue avec une baleine géante-, surgissant au détour d’un rond point comme une mascotte échappée d’un parc d’attractions.

Conch Island : l’ile aux coquillages

Pour notre deuxième stop, cap vers Conch Island– qu’on souhaitait vraiment vraiment faire malgré des conditions météos pas top – ou plus précisément “très loin de Conch Island”, car l’eau peu profonde et les nombreuses patates de corail nous interdissent d’approcher en voilier. Le slalom entre les gros blocs pour nous rapprocher au maximum nous a donné quelques gouttes de sueur, Selim checkant sur la vue satellite les masses sombres et Cécile à l’avant confirmant à vue… Nous étions plus sereins une fois parfaitement ancré ! Qu’à cela ne tienne, nous enfourchons l’annexe, direction les eaux turquoises où des raies élégantes dansent comme des cerfs-volants vivants. Enthousiastes, nous tentons d’en suivre une… jusqu’à ce qu’elle déploie sa queue menaçante hors de l’eau comme une pancarte “Venez vous battre !”. Message reçu, on se replie, dignité intacte.

Conch Island, c’est un endroit aussi fascinant qu’olfactivement marquant. Il s’agit en fait d’une montagne de coquilles de conques accumulées depuis des décennies par les pêcheurs. Une véritable colline marine, improbable et blanchâtre, devenue par miracle un refuge pour une faune abondante. Le snorkeling y est superbe, avec un ballet de poissons multicolores qui semblent avoir élu domicile dans ce gigantesque tas de restes de dîner.

Dernier mouillage : coucher de soleil en point d’orgue

Impossible de rester dormir à notre ancrage. Alors, pour clore cette escale, nous choisissons un mouillage plus sauvage, loin des pontons et des cocktails. Juste nous, la mer, et un dernier coucher de soleil flamboyant qui embrase l’horizon d’Anegada comme pour nous dire au revoir avec panache. Un moment suspendu, empreint de calme, de beauté, et de sel sur les joues. Parfait pour se ressourcer avant de lever l’ancre vers notre prochaine escale.