Navire PYTHEAS - Transatlantique 2024 - départ du Port de carnon (34)

São Miguel

juillet 2025

São Miguel, la plus grande île des Açores, c’est un peu la cousine qui aime en mettre plein la vue : lacs majestueux, points de vue à se décrocher la mâchoire, sources chaudes pour la baignade et plantations aux allures tropicales. Nous avons posé notre bateau à Ponta Delgada, au cœur d’une marina XXL qui nous a semblé presque disproportionnée après l’ambiance chaleureuse des petits ports précédents. Mais le gigantisme avait aussi son charme et ses surprises.

Ponta Delgada : fêtes, tirages gagnants et saveurs exotiques

Nous sommes arrivés en plein fêtes du Saint-Esprit. Et cette fois, la chance était de notre côté : Lucien a gagné une jolie céramique en forme de panier (apparemment top en « nid » pour figurine Pokémon), Célian un aimant avec la traditionnelle colombe du St esprit, et Sofian est reparti avec un superbe plat décoré d’une baleine (Je suis tellement jalouse !). Entre les célébrations sur plusieurs jours et un défilé de charrues, l’ambiance était à la fête.

Autre surprise : ici, la cuisine asiatique est reine. Entre ramen et bubble tea, on s’est offert un petit retour en Asie. Mention spéciale pour Han Table, une chaîne de cuisine coréenne portugaise où la viande grille directement sur la table devant vous. Un régal absolu. Ainsi que pour Moo Tea où nous avons pu déguster des délicieux Bubble Tea ainsi qu’un repas de sushis dans une ambiance qui nous a furieusement rappelé notre séjour au Japon.

À 20 minutes de marche du port, nous avons aussi visité une plantation d’ananas – dégustation comprise. Verdict : oui, ils sont aussi bons que leur réputation.

Et le soir… concert de Jorge Ferreira, véritable Patrick Sébastien local, connu pour sa musique traditionnelle et ses tournées aux États-Unis. On aurait dû se douter de quelque chose en voyant les mamies s’installer avec leurs chaises pliantes dès l’après-midi.

Miradouros et lacs de carte postale

Si Flores est la reine des cascades et São Jorge le paradis des fajãs, São Miguel est sans conteste le royaume des miradouros. Ces belvédères aménagés sont partout, et chacun semble vouloir surpasser le précédent. Ici, la moindre pause voiture peut se transformer en “wahou” collectif. Voici nos haltes les plus spectaculaires :

  • Lagoa do Fogo – Située au centre, perchée dans un cratère volcanique, cette “lagune de feu” est une zone protégée, accessible uniquement par navette (bus) ou en marchant. Depuis le miradouro, le lac apparaît comme un joyau turquoise au milieu d’un écrin de végétation. Comme nous pouvons prendre le bus retour que nous voulons, nous sommes restés un peu sur place. Nous avons choisi de descendre par le sentier boueux, zigzaguant entre fougères et arbustes jusqu’à une petite plage isolée. Là, pique-nique idyllique, seuls face à l’eau miroitante, avec pour bande-son le clapotis et quelques cris d’oiseaux.

  • Miradouro da Lagoa de Santiago et Sete Cidades – Ces deux lacs emblématiques de l’île (situés face nord-ouest de l’ile), sont nichés dans un immense cratère. La Lagoa de Santiago, plus discrète, se cache dans un écrin de verdure intense, tandis que Sete Cidades joue la carte du grand spectacle avec ses deux bassins d’eau – l’un bleu, l’autre vert – séparés par un mince isthme. Nous sommes descendus en bas et en bonus, nous avons nourri des canards et des canetons si gourmands qu’ils semblaient prêts à remonter dans la voiture avec nous.

  • Miradouro da Ponta do Arnal et Santa Iria – Ici, c’est la côte qui se donne en spectacle : falaises dentelées plongeant dans l’Atlantique, vagues qui explosent en gerbes blanches, et nuances de bleu à faire pâlir n’importe quel filtre Instagram. La marche jusqu’au phare de Ponta do Arnal nous a fait travailler les cuisses, mais la vue valait chaque pas.

L’activité volcanique : Furnas à l’est et source chaude à l’ouest

En route vers Furnas, célèbre village célèbre pour ses fumerolles, nous avons d’abord fait halte à une petite cascade dont l’eau claire s’échappe au milieu des fougères, puis au Santuário de Nossa Senhora, célèbre pour son escalier blanc et noir qui ondule comme un ruban vers le ciel.

Nous avons ensuite exploré le Mata Jardim José do Canto, un jardin botanique luxuriant où se mêlent plantes tropicales, arbres centenaires et points de vue sur la Lagoa das Furnas. L’atmosphère y est paisible, presque irréelle, comme si le temps s’y arrêtait.

Puis Furnas nous a enveloppés de ses fumaroles – ces sources de vapeur bouillonnantes qui rappellent que l’île est vivante sous nos pieds. Les habitants utilisent la chaleur du sol pour cuire des plats traditionnels dans de grands trous creusés dans la terre, notamment le fameux cozido ou, plus simplement, du maïs tendre et parfumé. Nous avons goûté ce dernier, encore fumant et délicieux même si Lucien a décrété que “l’odeur de soufre, ce n’est vraiment pas terrible”, avis tranché et définitif.

Si les sources chaudes sont nombreuses sur l’ile, nous avons choisi celles d’eau de mer, à l’extrême ouest de l’île. Nous avons plongé dans les Piscinas Naturais da Ponta da Ferraria. Imagine un bassin naturel en bord de mer, où l’eau de l’océan se mêle à celle d’une source volcanique. Résultat : une température qui dépasse bien les 43°C par endroit. Entrer dedans, c’est un peu comme marcher sur un tapis chauffant géant – agréable mais… disons, intense tellement c’est hot sur le moment ! Fait amusant : un portugais, sûrement açoréen, qui dégustait les coquillages à même les rochers ! Bigre, il m’a presque donné envie ! La journée s’est terminée au nord de l’ile pour profiter d’un dernier coucher de soleil avant de rentrer au bateau.

La plantation de thé Chá Gorreana

Dernière étape : la plantation de thé Chá Gorreana, la plus ancienne d’Europe encore en activité. Les collines ondulent à perte de vue, couvertes de rangées bien alignées d’arbustes vert foncé. La visite est libre, la visite guidée gratuite, la vue splendide, et la dégustation offerte. Célian, lui, a découvert que le thé vert était sa nouvelle passion – au point de se resservir plusieurs fois avec un sérieux de sommelier. Entre l’air frais, l’odeur des feuilles séchées et le panorama, on serait bien restés là toute la journée.

De retour au port, Lucien s’est lié d’amitié avec Lou, une navigatrice de 8 ans au long cours depuis trois ans. Mais la vie en mer étant ce qu’elle est, nous avons dû lever l’ancre dès le lendemain, emportant encore une fois un petit bout de notre cœur.